Si Verdey m'était conté.
Recherches et rédaction Annie Bouatou.
Tome XXXIII
Roger LAVIRON de VALÉRIO
La famille LAVIRON.
La famille LAVIRON est originaire de la Seine et Marne. Le premier ancêtre que nous avons trouvé est Nicolas. Il était l’époux de Marie Jeanne FRASNIER et ils ont eu au moins un fils, François qui est né en 1739 à Saint Martin des Champs, Seine et Marne.
François a épousé Marie LÉMÉRÉ qui est née à Meilleray, toujours en Seine et Marne. Ils s’y sont mariés le 28 février 1763. Leur premier enfant, Louis Antoine est né à Lescherolles le 30 janvier 1764 et il y décède la 1 août 1768. Plusieurs enfants naissent encore à Lescherolles mais c’est à Meilleray que naît le second Louis Antoine le 27 août 1787. François est laboureur et décédera à Meilleray le 24 avril 1814.
Louis Antoine épouse Marie Françoise Angélique BRISSET à Meilleray le 23 septembre 1812. Le 11 octobre 1813 naît à Meilleray le premier enfant du couple Antoine Généreux. Au recensement de 1836 (1er recensement disponible), on trouve Louis Antoine manouvrier aux Essarts lés Sézanne. Il y vit avec son épouse Angélique et leurs 5 enfants : Auguste (23 ans), Généreux (19 ans), Honorine (17 ans), Apollinaire (13 ans) et Augustine (6 ans).
Les 6 et 13 mars 1842, il y a publication de mariage entre Antoine Généreux et Marguerite Joséphine CONAT aux mairies des Essarts lés Sézanne et de Joiselle d’où est originaire la future. On ne trouve pas d’acte de mariage correspondant. Simplement sur les actes des Essarts lés Sézanne une annotation lors de la récapitulation des publications de l’année 1842 : « mariage : néant ».
En fait, le 20 novembre 1842, Antoine Généreux épouse Julienne Joséphine RAMBOUILLET à Esternay. La publication a été affichée les 13 et 20 novembre 1842 aux mairies d’Esternay et de Verdey (Il y est indiqué qu’Antoine Généreux demeure au hameau des Essarts, commune de Verdey). Leur première fille Maria Augustine naît aux Essarts lés Sézanne le 10 octobre 1843. La seconde fille Julia naît le 2 août 1845 à Verdey. D’ailleurs, on retrouve la famille lors du recensement de 1846 à Verdey, hameau de Villiers.
Cette famille LAVIRON s’implantera à Verdey. Au recensement de 1851, on trouve :
- à Verdey
Apollinaire, frère d’Antoine Généreux, qui est ouvrier opticien et son épouse Eulalie ARLUISON et leurs deux filles Eulalie Élisa et Clémence
Honorine, sœur d’Antoine Généreux, mariée à Claude GILLEST, ouvrier opticien et leur fille Hélène Amandine
Marie Angélique, veuve de Louis LAVIRON et mère d’Antoine Généreux, journalière chez Antoine MAURIO
- à Villiers
Antoine Généreux avec son épouse Joséphine et leurs trois enfants : Maria Augustine, Joséphine Julia et Auguste Émile.
Au recensement de 1856, seul Antoine Généreux demeure à Verdey, hameau de Villiers. La famille s’est agrandie et a accueilli Louis Paul né le 24 août 1853. Sans doute lié au fait que le moulin de Verdey n’est plus utilisé pour le surfaçage des verres optiques, Apollinaire a déménagé rue du moulin à Sézanne. Honorine, mariée à Claude GILLEST aussi ouvrier opticien, a également déménagé à Sézanne, rue de la cave au lard. Quant à Marie Angélique, elle est décédée le 27 janvier 1869 rue de la cave au lard à Sézanne. On peut penser qu’elle habitait chez sa fille Honorine.
Antoine Généreux décédera le 19 octobre 1891 à Verdey. Sa veuve Joséphine demeurera à Villiers jusqu’à sa mort le 27 octobre 1910.
Nous nous intéresserons à Auguste Émile premier fils d’Antoine Généreux et de Joséphine
Auguste est né à Verdey le 31 juillet 1849. Il s’engage encore mineur (il a un peu plus de 18 ans, âge minimum pour s’engager dans l’armée de terre) comme volontaire le 27 mai 1867 à Chalons sur Marne. Dés le 28 mai, il est 2ème sapeur au 2ème régiment du génie à Metz.
A peine un an après, le 21 avril 1868, il est nommé caporal, toujours au 2ème régiment du génie à Metz. Au mois d’octobre de la même année, il est transféré au régiment de génie à Montpellier.
Il devient caporal fourrier (caporal-chef aujourd’hui) puis devient sous-officier en qualité de sergent fourrier (sergent-chef aujourd’hui) dans son régiment : il a tout juste 20 ans !
Le 23 juillet 1870, il intègre le 4ème corps de l’armée du Rhin qui combat contre la Prusse. Il participe aux batailles de Borny (14 août), Gravelotte - St Privas (18 août) ainsi qu’aux combats de Lissy et le 19 août, il est cité à l’ordre de l’armée pour s’être particulièrement distingué dans les batailles des 14, 16 et 18 août 1870. Le 5 septembre, il reçoit la médaille militaire.
Du 28 août au 28 octobre 1870, il participe au blocus de Metz où il est fait prisonnier. Il s’évade le 8 novembre. On le retrouve en décembre à Montpellier où il est promu sergent-major.
Puis le 8 janvier 1871, il rejoint la 11ème compagnie à Bourges et le 19 janvier il est dans le 25ème corps de l’armée de la Loire, lequel corps – sous les ordres du général Pourcet – réoccupe une partie de Blois. Le 12 mars 1871, il est nommé sous-lieutenant faisant fonction de lieutenant en 2nd ! Il n’a pas encore 22 ans !
Face – notamment - à la défaite de la France dans la guerre contre la Prusse, les parisiens se soulèvent et le 18 mars 1871 se révoltent contre le gouvernement légal de la France présidé par Adolphe Thiers. Thiers et le gouvernement quittent Paris pour Versailles, un gouvernement insurrectionnel est mis en place : c’est la Commune de Paris d’où le nom de communards donné aux partisans de la Commune . Plusieurs autres villes françaises se soulèveront dont Narbonne. Le 26 mars 1871, le gouvernement de Versailles rassemble une petite armée, venue de Toulouse, Carcassonne, Perpignan, Foix et Montpellier, qui installe des batteries d’artillerie pour bombarder l’Hôtel de Ville de Narbonne. Auguste Laviron en fait partie et finalement le 31 mars l’insurrection est terminée.
Au mois d’avril 1871, on retrouve Auguste LAVIRON sous-lieutenant dans l’armée de Versailles. C’est le moment où l’armée régulière (pour le camp versaillais) et la garde nationale (pour le camp communard) s’opposent. Finalement, la victoire du camp versaillais met fin à la guerre civile.
Auguste Émile LAVIRON sera nommé Chevalier de la Légion d’Honneur par décret du 24 juin 1871.
En 1872, on retrouve Auguste au 2ème régiment de génie à Montpellier où il est toujours sous-lieutenant. Il sera promu lieutenant en 2nd le 12 mars 1873. Il est alors détaché en école d’application et rejoindra Montpellier en octobre 1875 et il sera nommé lieutenant en 1er le 20 octobre 1875.
Le 25 novembre 1876, il embarque pour l’Algérie. Le 25 octobre 1877 il est détaché à l’État-major de Daya et nommé capitaine en 2nd. Il est ensuite détaché à l’État-major à Oran. Il bénéficie d’une permission pour épouser, le 26 octobre 1879, Jeanne Marguerite VALERIO à Cérilly (Allier). Il quittera l’Algérie pour rejoindre l’État-major de Bourges au mois d’octobre 1879 puis celui de Tours en avril 1880.
Le 23 janvier 1881 naît Germaine Claire Antoinette à Couleuvre (Allier). La déclaration est faite par la sage-femme. La mère, Jeanne Marguerite VALERIO, est indiquée comme résidant à Tours ainsi que son époux Auguste Émile lequel est « actuellement absent de cette commune ». Les témoins sont le boulanger et l’épicier de la commune. La fillette décédera à l’âge de 5 ans au domicile de ses grands-parents à Villiers le 4 septembre 1886.
Le 1er mars 1885, Auguste rejoint Lille. Il est alors capitaine en 1er. C’est là que naît Roger Théodore Antoine le 16 mai 1886. C’est Auguste qui le déclare. Il est domicilié à la Citadelle de Lille. Peu de temps après, Jeanne Marguerite décède à l’âge de 29 ans en la villa Notre Dame (centre de soins) de Berck-sur-Mer (Pas de Calais). A ce moment, ils étaient domiciliés à Calais.
A la fin de l’année 1888, Auguste revient au 1er régiment du Génie à Versailles. Il y reste quatre ans puis rejoint l’ État-major de Bordeaux. Le 26 février 1894, il sera nommé chef de bataillon. Toujours en 1894, il reçoit la médaille d’honneur pour actes de courage et de dévouement. Le 15 août 1883 il avait exposé sa vie en organisant les secours lors de l’incendie du théâtre de Tours.
En octobre 1894, il repart pour l’Algérie. Après avoir embarqué à Port-Vendres, il rejoint Laghouat où il restera un peu plus de deux ans avant de rejoindre Angers.
Le 31 août 1897, il épouse Marie Hélène Émilie LEGEAY à Château-Gontier. L’un des témoins est Gustave LEGEAY, oncle de l’épouse et chef de bataillon en retraite.
Le 25 décembre 1899, il est promu au grade d’Officier de la Légion d’Honneur.
Il terminera sa carrière à Angers et prendra sa retraite le 1er avril 1902. Il divorcera de Marguerite LEGEAY le 29 janvier 1903 à Angers. Il décède à Villiers où il vit seul le 18 mars 1928.
Intéressons-nous maintenant à son fils, Roger Théodore Antoine
Comme il l’a été indiqué, il est né le 26 mai 1886 à Lille alors que son père était capitaine à l’État-major. Sa mère, Jeanne Marguerite VALERIO décédera deux ans plus tard dans un centre de soins à Berck-sur-Mer (cf. infra). Il faut noter que le frère de Jeanne Marguerite, Jean Baptiste Théodore VALERIO, était artiste peintre et chevalier de la Légion d’Honneur. Certains ont écrit que Roger LAVIRON de VALÉRIO aurait fait des études d’architecture à l’école des Beaux-Arts de Paris. Il n’apparaît pas dans le dictionnaire des anciens élèves. Par contre, son oncle Théodore VALÉRIO a étudié à cette même école des Beaux-Arts de Paris.
C’est ensuite le « trou noir » quant à la vie de Roger. On ne sait qui s’est occupé de lui après le décès de sa mère et jusqu’en 1907 lorsqu’il passe le conseil de révision à Angers. Il est alors journaliste et apparaît, comme son père, domicilié à Verdey (on ne les trouve pas dans les recensements de 1906 et 1911). Il est exempté pour coxalgie (dans son livret militaire, il est indiqué qu’il claudique). Pourtant, le 16 décembre 1914, il s’engage à la mairie de Sézanne. Possédant le permis de conduire, il est versé au 8ème escadron du train des Équipages. Le 3 mai 1915, il passe à la 22ème section du parc automobile. Il passe ensuite au 20ème escadron du train en septembre 1916 où il est affecté en qualité de conducteur de 2ème classe. Pourtant, le 7 octobre 1916, il est réformé pour coxalgie ancienne.
Depuis 1911, il travaillait au journal Le Matin comme directeur artistique. De retour de la guerre, il reprend son activité professionnelle. Puis, le 12 juin 1917, il épouse Antoinette DOCQUOIS à Paris à la mairie du 18ème arrondissement et il a comme témoin Jean SAPÈNE directeur du journal Le Matin, chevalier de la Légion d’Honneur. Il est alors domicilié au 57 rue Caulaincourt.
Il rejoint alors l’éditeur de musique SALABERT pour lequel il réalisera plus de 2 000 couvertures.
En 1926, il habite rue Saint Georges à Paris (9ème) avec sa femme Antoinette et leurs deux filles : Jacqueline Françoise née le 15 décembre 1918 au 57 rue Caulaincourt et Anne Marie Alice Madeleine née le 9 mars 1921 au même endroit.
Cette même année, Il entre comme conseiller artistique dans la Maison Devambez. Créée par Édouard Devambez, l’entreprise est au départ spécialisée dans la gravure et l’édition de livres d’art. Mais l’entreprise devient pionnière en matière de communication. Ainsi, elle produit des affiches et des catalogues comme celui de Chrysler réalisé par Roger de Valério.
En 1927, il divorce d’Antoinette. Le divorce est prononcé le 25 juin par la 8ème chambre du tribunal civil de la Seine. Il se remarie le 21 juillet 1930 à la mairie du 18ème arrondissement de Paris avec Joséphine Fernande AGNAUD
En 1931 il participe à l’exposition coloniale. Pendant les six mois que dure la manifestation une centaine de congrès sont organisés dont le congrès international pour l’adaptation de l’enseignement colonial aux besoins de populations dont le vice-président est Roger Laviron de Valério.
Roger LAVIRON de VALÉRIO est fait Chevalier de La Légion d’Honneur en 1932. C’est la reconnaissance pour 26 ans de services et de pratique professionnelle – 2 campagnes – exposant à l’Exposition coloniale, classe 11 (grand prix).
Toujours en 1932, il prend la direction du journal Le Rire.
En 1933, il enseigne à l’École technique de publicité. Cette école a été créée en 1927 par des publicitaires organisés en association.
De 1936 à 1940, il est directeur associé des éditions Perceval.
Puis, en 1940, il se retire à Belle-Île-en-mer pour se consacrer à la peinture (surtout des nus et des fleurs) puis à l’illustration de livres. Il réalise 19 gravures pour le Surmâle d’Alfred JARRY.
Il décède le 16 avril 1951 au 19 de la rue d’Armaillé à Paris (17ème). Il résidait alors au 19 rue de l’Arc de Triomphe. Le 19 avril il sera inhumé au cimetière des Batignolles, avenue Lacombe.