Si Verdey m'était conté.

Recherches et rédaction Annie Bouatou.

Tome I

du 7ème siècle ... à la révolution française.

Avertissement :

Le contenu de l’article qui suit n’est pas scientifiquement établi. Il résulte de la compilation d’informations issues de nombreuses sources :
• Archives départementales de l’Aube
• Archives départementales de la Marne
• Topographie historique de la ville et du diocèse de Troyes
• Les petits bollandistes – Vie des saints
• Mémoires de la société d’agriculture, sciences et arts du département de l’Aube
• La ville de Sézanne et l’abbaye du Reclus
• Collection des principaux cartulaires de Troyes
• Archives de la France monastique
• Liste des prieurés et hôpitaux de l’ancien diocèse de Troyes
• Les volontaires nationaux pendant la Révolution
... entre autres.

Mœurs-Verdey

Au 7ème siècle, Saint Blier …

Aujourd’hui rattaché administrativement à Mœurs, Verdey fût un village dont on trouve la trace dès le 7ème siècle.

C’est à ce moment que Saint Blier (ou Saint Blitaire), moine originaire d’Ecosse, s’installa non loin de Verdey où il se bâtit une cellule dans laquelle il vécut en ermite. A sa mort, les chanoines de Broies transportèrent son corps dans leur église. Longtemps après, les habitants de Sézanne enlevèrent le corps pour le transporter en l’église St Julien de Sézanne. Il y restera jusqu’en 1567, époque à laquelle les calvinistes brisèrent les chasses d’argent de St Blier et de St Julien, les convertirent en monnaie, brûlèrent les reliques et en jetèrent les cendres au vent.

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Saint Blier. Vitrail cathédrale Saint Étienne de Châlons-en-Champagne


 

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Blanche de Castille. Bible de Tolède.


 

Au 11ème siècle, les moines du Val des Choux et Blanche de Castille

C’est sans doute sur l’emplacement de la demeure de Saint Blier que vers 1234 les moines du Val des Choux fondèrent, avec Blanche de Castille, le prieuré du Val Dieu. Il fut détruit par les Huguenots en 1567. Les religieux se retirèrent alors dans la maison du seigneur de Verdey jusqu’à ce que l’on ait rebâti un logement.

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Église Saint-Quentin


 

Fin du 12éme siècle ou début du 13ème siècle, l’église Saint Quentin de Verdey

La construction de l’église Saint Quentin remonte, selon plusieurs sources, à la fin du 12ème siècle ou au début du 13ème. Les arcades délimitant l’avant chœur, spécifiques de cette période, semblent corroborer cette hypothèse.

L’ensemble a été fortement repris au 16ème ou au 17ème siècle. Le chœur et la sacristie sont en partie reconstruits au début du 19ème siècle. Des travaux secondaires sont réalisés en 1886 sous la direction de l’architecte Hyppolite Boiron. Les couvertures et les charpentes sont restaurées en 1904.

C’est une église de plan allongé à vaisseau unique comportant une nef de trois travées, un avant chœur et un chœur d’une travée étroite. Ce dernier est prolongé par une sacristie en forme d'abside. Le sol en pente a exigé un important soubassement à l'est. Un campanile en charpente surmontée d'une flèche s'élève au-dessus de l’avant-chœur. Il n'y a pas de porte à l'ouest, l'accès principal étant reporté sur le côté nord de la nef. L'intérieur est plafonné en lambris. L'édifice est bâti en moellon, la moitié supérieure de l'élévation de la sacristie étant en brique. Les murs sont en calcaire moellon, brique. Le toit en tuiles plate et ardoise. Le toit est à longs pans croupe, croupe ronde flèche polygonale.

De la fin du 13ème siècle à la révolution, l'abbaye de Montier la Celle

On retrouve ensuite la trace de Verdey à la fin du 13ème siècle. En effet, c’est en avril 1294 que Blanche de Navarre - comtesse de Champagne et de Brie - et son époux Edmond – fils du roi d ‘Angleterre – vendent la seigneurie de Verdey aux Abbés de Montier la Celle pour la somme de 4000 livres tournois ce qui pourrait correspondre à un peu plus de 1,8 millions d’euros actuels. En mai 1294, Philippe roi de France et Jeanne Reine de France et de Navarre, comtesse palatine de Champagne et de Brie son épouse approuvent et confirment l’acquisition faite de la terre de la seigneurie de Verdey par les Abbés de Montier la Celle.
En 1297, les Abbés de Montier la Celle acquièrent, en plus, une maison avec ses dépendances ainsi que des prés, jardins et vignes appartenant à Jean Languir de Verdey.

En 1358 des bandes de pillards commandées par Robert Knolles – anglais - et Eustache d’Auberchicourt ravageaient la Champagne jusqu’aux portes de Troyes. Ils ont détruit le château de Verdey. En 1366 les Abbés veulent relever et fortifier le château de Verdey. Ils en font la demande à Jeanne d’Évreux, reine de France et de Navarre, veuve de Charles le bel et Douairière de Verdey. Elle les autorise à fortifier leur château pour y mettre leurs biens en sûreté, attendu les incursions des ennemis. Pourtant les gens du roi s’opposent à la fortification du château de Verdey. Les religieux adressent alors à Charles V une supplique tendant à obtenir que les travaux de fortification soient visités et que, s’ils étaient trouvés suffisants, ils seraient continués ; sinon, ils seraient détruits. En 1367 les travaux de fortification du château de Verdey sont visités par Guillaume, Bailli de Troyes, lequel autorise la poursuite des travaux qui s’achèveront en 1369.

En 1424 le comte de Salisbury assiège de Sézanne. La ville est prise, pillée et partiellement brûlée. Le château de Verdey est lui aussi attaqué et mis en ruine. Les religieux estimèrent à plus de 1 000 livres tournois le coût de sa reconstruction. On ne sait ce qu’il advint de cette reconstruction. Cependant, en 1646, dans un procès-verbal de visite de la seigneurie, on trouve qu’il ne reste que quelques vestiges du château. Il y a quelques années, on pouvait encore en trouver la trace entre le village de Verdey et le Grand Morin. Les derniers vestiges ont été déblayés.

En 1494, un traité entre les sieurs de St Etienne de Troyes et les sieurs religieux de Montier la Celle permet de faire passer le cours d’eau par le moulin de Verdey. S’en suit en 1505, des lettres royales adressées aux Baillis de Meaux et Sézanne autorisant les religieux de Montier la Celle à confectionner du papier en leur seigneurie de Verdey.

Mais cette période est également marquée par de nombreux procès et autres affaires de justice. En 1520, un habitant de Villiers lez Verdey revendiquait un pommier sis près de la croix de Verdey. En réponse, le Baillage de Troyes prononçât la séparation des finages de Verdey et Villiers.

En 1562, le Grand Conseil condamna Jean, Seigneur de Linthel, à remettre aux religieux de Montier la Celle les papiers et cessions des droits seigneuriaux de la terre de Verdey. L’un de ses successeurs, Jean de Veyer, s’est vu condamné et a perdu le bail viager qu’il avait sur Verdey.

 En 1573, le bail viager consenti en 1543 à Ivan Champy demeurant à Sézanne, est cassé. Le bail viager est alors passé avec neuf fermiers de Verdey qui eux-mêmes sont condamnés en 1622.

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Plan de l'église de Montier la Celle au XVIIIème siècle


 

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L'ouverture des États Généraux à Versailles le 5 mai 1789 par Auguste Couder en 1839


 

À l'aube de la révolution de 1789

En 1770, l’Abbaye de Montier la Celle est réunie à l’Évêché de Troyes sans aucune protestation de Antoine-Marie de Bérard de Montalet de Vibreuil qui en aura été le dernier abbé.

A la veille de la Révolution, et selon l’inventaire réalisé par Jean Claude Lambert, géomètre à Sézanne, elle comptait :
• Un moulin alimenté par les sources de Verdey avec une petite chambre à cheminée à côté servant de maison au pignon de laquelle sont des appentis et sous lesquels est une petite laiterie servant en même temps de cave ; à côté de ladite maison en retour sur la cour se trouvent des écuries à porc donnant sur la rue ; tous les bâtiments sont couverts en paille et à l’arrière de ces bâtiments se trouvent une chevrière, un jardins et des vergers.
• Des terres labourables : un peu plus de 90 arpents
• Des prés : environ 26 arpents
• Des bois et taillis : 46 arpents

Trois fermiers exploitaient les terres du domaine : Jean Pillet, Marc Mathieu et Pierre Ricard.

Pour Louis XVI et le gouvernement, les États Généraux constituent un dernier espoir de faire accepter des réformes aux privilégiés dans le but notamment de résoudre le problème de la dette du Royaume et de calmer le mécontentement du peuple.

… Préparation des États Généraux à Verdey

La paroisse de Verdey était composée de 24 feux – L’avis pour la convocation des États Généraux fut lu et publié le 9 mars 1789. Le même jour les habitants se réunissent sous la présidence de Pierre RICARD14, ancien patricien, en l’absence du juge des lieux. Le procès-verbal constate la présence de Jean Baptiste Bollot, syndic, Joseph Bollot, Nicolas Bollot, Pierre Alexandre Mathieu, Jean Pillet, Marc Mathieu14, Jean Mathieu, Pierre Chevron, Jean Ambellouis, Sébastien Riche, et encore d’après les signatures, Denis Mathieu, T. Mathieu, André Gobin, Richomme Moret. Les députés furent Nicolas Bollot et Pierre Ricard le président de l’Assemblée.

… Cahier des plaintes et doléances des habitants de la communauté de Verdey

Les habitants de Verdey déclarent unanimement que les doléances, plaintes et remontrances qu’ils ont à représenter, consistent en ce qu’ils se trouvent trop surchargés d’impôts de toute espèce, sous le poids desquels ils succomberaient infailliblement si sa Majesté ne venait à leur secours, ce qu’ils ont lieu d’attendre de sa bonté et de son amour pour ses peuples ; que cette surcharge a lieu principalement parce que la majeure partie des impôts ne pèse que sur le Tiers État.

Ils demandent donc que chaque ordre du royaume les supporte également, et chacun à raison de ses facultés et propriétés sans aucune exemption ni privilège, étant naturel et juste que chaque sujet du royaume participe aux charges de l’État en raison de ses moyens.
Ils demandent encore la suppression des gardes haras qui sont réellement un impôt sur le cultivateur et un établissement nuisible au progrès de l’agriculture ; la suppression du minage de Sézanne, perception exorbitante qui éloigne les laboureurs des marchés de ladite ville et frappe singulièrement sur le peuple, parce que en appauvrissant les marchés il en résulte nécessairement l’augmentation de la denrée de première nécessité ; que l’impôt inouï sous le nom de corvée en argent, et qu’il a plu aux délégués de sa Majesté de porter dans cette province par un abus affreux au sixième de la taille, soit réduit au dixième de cette dernière imposition ; l’établissement d’un impôt unique. S’en rapportant au surplus au zèle de leurs députés pour faire valoir les déclarations ci-dessus et toutes autres qu’ils aviseront pour le bien général et la prospérité du royaume.